On sait depuis longtemps que le climat se dérègle – les premiers scientifiques à en parler l’on fait vers la fin du XIXe siècle, et cela fait plus de trente ans que ce n’est plus un secret pour personne1. Pourtant, notre société résiste aux changements de système qui seraient nécessaires pour sortir de cette impasse. Une pléthore d’études quantifient le bilan écologique de tel ou tel produit. Ces études sont nécessaires, en ce qu’elles permettent parfois de démonter des idées reçues ou de fausses perceptions : utiliser un lave-vaisselle est mieux que de faire la vaisselle à la main2, rouler en trottinette électrique est polluant3, les voitures hybrides ont un bilan carbone très lourd, etc. Mais hélas, ce sont souvent les plus puissants et les lobbies qui s’offrent ces études, et se basent sciemment sur des calculs où l’efficacité de leurs moyens de production améliore nettement leurs bilans. Cela crée une distorsion entre les structures qui ont des outils ultra performants ou pratiquent la culture intensive, et celles qui sont dans une production
« lente » faute de moyens ou par principe, pour la préservation de l’environnement. Ainsi, au lieu d’un changement de système pour pallier l’injustice climatique en prenant en compte la responsabilité des uns-e-s et des autres, les mesures actuelles creusent souvent le fossé entre les pays riches et ceux à faible revenu.