La Suisse, le négoce de matières premières et les multinationales

La Suisse, le négoce de matières premières et les multinationales

Il est difficile d’évaluer combien d’entreprises exactement sont actives dans le secteur de négoce de matières premières en Suisse tant la discrétion est source de profits dans ce milieu, néanmoins les estimations officielles font état de 550 société environ, concentrées (mais pas seulement) à Genève, Zoug et Lugano.

35% du pétrole, 60% des métaux à l’échelle mondiale sont négociés en Suisse. Vitol, Trafigura, Gunvor, Mercuria, GlencoreXstrata sont toutes des sociétés multinationales qui ont développé leur activité dans le négoce de matière première, mais aussi dans l’industrie extractive de sorte à couvrir plusieurs secteurs de la chaîne de valeur.

Or, la concentration de la part de marché entre une poignée de multinationales, de même que leur activité multisectorielle couvrant plusieurs pans de la chaîne de valeur, consacrent ces « géants industriels » … qui se retrouvent trop souvent épinglés pour les pratiques d’évasions fiscales, de corruption et de violations de droits humains : de l’absence de salaire ou de revenus vitaux, au travail forcé ou au travail des enfants, etc.

En plus d’être une plaque tournante du négoce d’hydrocarbures, minerais et autres matières issues de l’industrie extractiviste, la Suisse est aussi une des principales places de négoce de matières premières agricoles, comme le café (30% du commerce mondial), le cacao (30%), le sucre (40%) ou les céréales (50%).

Elle abrite aussi de nombreuses multinationales agroalimentaires, comme Syngenta (premier fabricant de pesticides au monde) ou encore Nestlé (premier fabricant agroalimentaire mondial) pour n’en citer que deux.

Dossier sur le négoce de matières premières selon Public Eye

Dossier sur le négoce de matières premières agricoles selon Public Eye (2020)

La société civile

Le nombre et l’importance du rôle joué par les multinationales ayant leur siège en Suisse explique l’émergence de nombreux acteurs de la société civile ayant à cœur de surveiller leurs agissements et d’en dénoncer les dérives. Mais il est aussi question de mobiliser les citoyennes et citoyens pour la mise en place de lois contraignantes permettant d’assurer le respect des droits humains et de l’environnement tout au long des chaînes de production de ces entreprises.

Public Eye est une organisation de la société civile qui a pris une place prépondérante en Suisse sur cette question.

En 2016, les Suissesses et les Suisses étaient appelés aux urnes pour voter sur l’initiative populaire « Pas de spéculation sur les denrées alimentaires » . Cette tentative a échoué.

En 2020, 50,7% des citoyennes et citoyens suisses ayant voté ont accepté l’initiative populaire « Pour des multinationales responsables » . Une majorité populaire. Mais l’initiative a échoué, n’ayant pas réussi à obtenir la majorité des cantons et donc la double majorité requise pour l’acceptation d’une initiative populaire. Mais la mobilisation et les actions de ce grand mouvement regroupant de nombreux acteurs de la société civile, dont les Magasins du Monde, se poursuivent. En particulier, il est question aujourd’hui de veiller à la mise en œuvre du contreprojet proposé par le Conseil fédéral.

Un projet d’ordonnance minimaliste et en retard sur son temps, communiqué de presse, juillet 2021

Ces prochains mois commence la récolte de signatures pour l’initiative « Pour une économie responsable respectant les limites planétaires » demandant à ce que l’économie suisse et ses acteurs s’adaptent aux limites naturelles terrestres.

 

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